L’INA a exhumé de ses archives un reportage datant de 1947 et présentant les addictions des consommateurs aux nouvelles technologies. Un étonnant et assez troublant documentaire intitulé « La télévision œil de demain », réalisé par J.K. Raymond-Millet, et fondé sur une œuvre pré-existante signée René Barjavel. Dans ce documentaire, on découvre ce que sera la télévision de l’avenir, celle que nous connaissons aujourd’hui…
La Télévision, œil de demain (1947) – J.K. Raymond-Millet. Inspiré d’un essai de Barjavel, le documentaire propose l’évolution de la télévision en format de poche transportable, et la façon dont les humains interagiront avec l’objet. Aujourd’hui, des parallèles sont tracés entre l’objet décrit dans le documentaire, et les Smartphones. [Extrait de 4’03 »]
Et tout y est : les Smartphones, YouTube, Internet, la télévision 3D, les appareils connectés. Ce court-métrage est en fait tiré d’une nouvelle d’anticipation de Barjavel. Comme quoi, les films d’anticipation avaient quelquefois vu juste pour lire notre avenir.
L’addiction à nos très chers Smartphones est longuement moquée à travers le reportage. A croire que ce dernier a été tourné très récemment ! On peut ainsi voir une femme être à deux doigts de se faire renverser par une voiture alors qu’elle traversait la rue, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone.
On peut aussi voir des voitures connectées, où les informations sont diffusées en direct, mais aussi une femme qui peut voir son artiste préféré se produire sans bouger de chez elle. Où encore cet homme qui peut regarder la télévision « en relief ».
Le film imagine les utilisations et applications de la télévision dans l’avenir dans différents domaines. Annonçant ainsi l’omniprésence des écrans, l’Internet nomade, la prédominance de la forme sur le fond et les images en trois dimensions. Ce sens troublant de l’anticipation, où l’on sent l’influence de Barjavel, est masqué par un commentaire caustique et une profusion d’images assez loufoques.
René Barjavel, auteur visionnaire ?
Alors que son roman best seller « La Nuit des Temps » est réédité en fac-similé, 51 ans après sa parution, René Barjavel apparaît plus que jamais comme un visionnaire. Dans ses romans d’anticipation, il a imaginé le paiement par carte, la tour Montparnasse et encore le téléphone portable.
« Comme je suis infiniment curieux (je lis toutes les revues scientifiques), je sais à peu près ce qui se passe et j’essaie d’en déduire ce qui va se passer. »
Ainsi parlait René Barjavel en 1969 quand on lui demandait s’il se considérait comme un visionnaire. Il faut dire que le fils de boulanger et petit-fils de paysan de la Drôme avait acquis depuis longtemps le statut de père de la science fiction française.
Dès 1943 dans son premier roman d’anticipation « Ravage », il avait imaginé la Tour Montparnasse qui sera construite trente ans plus tard. A la sortie de la guerre il retourne au journalisme, s’essaie au roman d’amour et devient scénariste. La fin des années 60 va marquer son retour vers l’anticipation
Dans son best-seller « La Nuit des Temps », paru en 1968, René Barjavel raconte l’histoire d’une civilisation disparue découverte par des scientifiques en Antarctique. Une civilisation très en avance, dont les membres réglaient leurs achats avec une clé et qui voyaient leur compte bancaire aussitôt diminué de la valeur de la marchandise. Pour Pierre Creveuil, spécialiste de Barjavel, cette fameuse clé est, sans l’ombre d’un doute, l’ancêtre de la carte bancaire :
« J’ai eu le témoignage personnel d’un directeur technique de chez Bull qui m’a confié et l’avait dit à Barjavel, que le moyen de paiement était inspiré de la lecture de « La Nuit des temps. »
Source : https://lemediaen442.fr/deja-en-1947-rene-barjavel-imaginait-le-telephone-portable/