Soulevant à nouveau les craintes sur la prolifération des armes létales autonomes
Milrem Robotics, leader européen en matière de robotique et de systèmes autonomes, a récemment partagé une vidéo mettant en scène un char doté d’une IA qui fait exploser des voitures et d’autres cibles. L’entrepreneur a déclaré que le char, baptisé Type-X, est conçu pour permettre aux troupes de « percer les positions défensives de l’ennemi avec un risque minimal ». Il devrait fournir aux troupes « une puissance de feu et une utilisation tactique égales ou supérieures à celles d’une unité équipée de véhicules de combat d’infanterie ». Les critiques ont déclaré que la démonstration reflète un futur dystopique de la guerre.
Alors que la communauté internationale peine à trouver un moyen de contrôler le développement des systèmes d’armes létales autonomes (SALA), des ébauches de ce type d’arme continuent à se multiplier. La dernière en date est Type-X, un char de combat robotisé alimenté par l’IA, développé par l’estonien Milrem Robotics et Kongsberg Defence & Aerospace, une société norvégienne leader en matière de technologie et de défense.
Le char autonome et robotique a été dévoilé pour la première fois en juin 2021 et, comme le montre la vidéo suivante, le Type-X vient de réaliser le premier tir d’essai de sa tourelle à distance Protector.
Il est équipé d’un canon Bushmaster de 30 mm, l’une des nombreuses charges utiles que le Type-X peut utiliser, comme des canons de 50 mm, des missiles antichars et même un drone captif. Le char peut atteindre une vitesse maximale de 80 kilomètres par heure sur des routes asphaltées.
Milrem Robotics et Kongsberg se sont associés pour développer le Nordic Robotic Wingman (NRW), un programme dont le Type-X servira de plateforme de base pour la création de RCV (véhicule de combat robotisé) destinés à soutenir des chars et des véhicules d’infanterie habités de plus grande taille. Quid du système autonome du Type-X ?
Selon Milrem Robotics, les systèmes de navigation et de détection des obstacles du Type-X sont alimentés par l’intelligence artificielle. Le système d’IA qui régit le Type-X a de multiples fonctions, notamment le suivi, la navigation par points de repère et la détection d’obstacles, mais avec le Type-X, Milrem Robotics introduit également une fonction appelée Indirect Drive qui permet des opérations télécommandées à des vitesses plus élevées. En outre, ce RCV sans pilote sera capable de transporter une variété de charges utiles basées sur la même interface pour répondre aux exigences de missions multiples.
Le Type-X a un volume plus petit et une faible signature thermique par rapport aux IFV (infantry fighting vehicle – véhicule de combat d’infanterie ) conventionnels. Il peut transporter des modules de communication à maillage pour relayer les communications sans fil. Équipé de chenilles en caoutchouc et d’une propulsion hybride, le Type-X devrait réduire considérablement les coûts de maintenance. Selon Milrem Robotics, tout ceci donne au Type-X un avantage considérable sur tout adversaire humain. La société a déclaré que le Type-X est conçu pour permettre aux troupes de « percer les positions défensives de l’ennemi avec un risque minimal ».
Le RCV devrait fournir « une puissance de feu et une utilisation tactique égales ou supérieures à celles d’une unité équipée de véhicules de combat d’infanterie ». Lors du dernier test, comme on peut le voir dans la vidéo, Milrem Robotics et Kongsberg ont équipé le char d’un canon de 30 mm. « Vous voulez les envoyer prendre les positions les plus dangereuses parce qu’il n’y a [pas] d’hommes à l’intérieur. Si elle explose, tout le monde dans les véhicules habités derrière elle restera en sécurité », a déclaré Gert Hankewitz, directeur du marché et du contrôle des exportations chez Milrem Robotics.
La vente du Type-X est prévue pour les pays nordiques et d’Europe occidentale, mais les États-Unis gardent également un œil sur cette technologie. Au moins dix pays auraient déjà passé commande de la plateforme Type-X, dont sept membres de l’OTAN. Des voies s’érigent contre les armes létales alimentées par l’intelligence artificielle, mais leur développement se poursuit quand même, principalement en Israël, en Chine, aux États-Unis et dans certains pays européens. En juillet dernier, un rapport a révélé que l’Israël utilisait des essaims de drones autonomes pour traquer et anéantir le Hamas sans intervention humaine.
L’armée américaine quant à elle travaille sur des robots lourds semi-autonomes armés de missiles qui seront chargés d’accomplir certaines des tâches les plus dangereuses des soldats. Entre-temps, l’ONU a échoué dans sa dernière tentative d’établir des règles internationales contraignantes visant à interdire l’utilisation des robots tueurs autonomes. La Convention des Nations unies sur certaines armes classiques s’est à nouveau penchée sur la question de l’interdiction des armes autonomes lors de sa dernière réunion d’examen quinquennale à Genève du 13 au 17 décembre 2021, mais aucun consensus n’a été trouvé sur le sujet.
Malgré les implications éthiques plutôt évidentes du fait qu’un système alimenté par l’IA s’occupe du « sale boulot » à distance, Milrem Robotics a levé des fonds importants auprès de la Commission européenne pour développer un véhicule terrestre sans pilote de la taille d’une machine à laver appelé THeMIS (Tracked Hybrid Modular Infantry System), qui peut fournir aux troupes des moyens de transport, ainsi que détecter et éliminer les IED (improvised explosive device – engins explosifs improvisés). Il n’est pas exagéré de suggérer que c’est à cela que ressemble le futur de la guerre, et il semble plus infernal que jamais.
Sources : Developpez – Vidéo de démonstration des capacités du Type-X