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Quatre signes qu’un divorce entre les États-Unis et les pays du Golfe est en cours

Les « messages » à répétition en direction de Washington des vieux alliés du golfe Persique sont brutaux et suggèrent fortement que les jours de l’hégémonie américaine sont finis.

De toutes les salves géopolitiques issues de la gauche et de la droite la semaine dernière, rien n’est plus inattendu que la visite du président de Syrie Bachar al-Assad aux Émirats arabes unis. C’est un signe fort du mécontentement du golfe Persique envers son allié américain.

Si un quelconque bien ressort de la guerre en Ukraine pour le monde arabe, c’est l’émoussement du statut et de l’influence des États-Unis dans l’Asie occidentale. Washington est en train de perdre plusieurs de ses alliés traditionnels dans la région, particulièrement dans le golfe Persique, et cette tendance donne l’impression qu’elle va s’accélérer.

Quatre évolutions récentes illustrent ce propos.

Premièrement, la visite du président syrien Bachar al-Assad aux Émirats arabes unis vendredi. L’accueil chaleureux qui lui a été réservé a été une gifle pour l’administration américaine, pour ses objections fermement formulées à cette visite et pour ses sanctions destinées à délégitimer le gouvernement syrien.

Deuxièmement, la méfiance grandissante de l’hégémonie américaine de la part de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes, les deux plus importants producteurs de pétrole de l’OPEP. Plus notable a été leur rejet de la supplique d’augmenter la production pour faire descendre les prix et fournir plus de pétrole pour mettre en oeuvre les sanctions occidentales sur les importations russes de pétrole et de gaz.

Troisièmement, l’échec de la visite du Premier Ministre britannique Boris Johnson – pour le compte de Washington – à Abu Dhabi et à Riyadh, où il a transmis des menaces voilées aux deux pays s’ils refusaient de suivre la ligne occidentale sur l’Ukraine, de se joindre aux sanctions économiques contre la Russie ou de rompre leurs accords de production avec elle.

Quatrièmement, l’invitation de l’Arabie saoudite au président de la Chine Xi Jinping pour une visite officielle et sa réceptivité à l’éventualité de fixer le prix de ses ventes de pétrole à Beijing en yuan. C’est un signe que le royaume et possiblement d’autres États du Golfe pourraient être désireux de rejoindre le nouveau système financier que la Chine et la Russie sont en train de développer comme alternative au système occidental.

De ces quatre développements, l’accueil accordé au président Assad à Abu Dhabi et à Dubai était le signe le plus clair de la rébellion du Golfe contre les États-Unis et leur domination. La visite n’avait pas besoin de se tenir à cette date ; mais qu’elle ait eu lieu maintenant en montre plus sur l’humeur des centres de pouvoir du Golfe que n’importe quoi d’autre.

Par ailleurs, on rapporte que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont refusé de recevoir le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, qui souhaite assurer le suivi de la visite de Johnson et essayer de réussir là où il a échoué.

Au lieu de ça, dans un camouflet qui a fait le tour du monde, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, le Sheikh Ahmad Bin Zayed, a visité Moscou pour discuter avec son homologue Sergueï Lavrov. Le spectacle public de bonhommie qu’ils ont offert était voué à frotter du sel sur la blessure américaine.

Le timing du voyage d’Assad – le jour du 11ème anniversaire du début de la guerre menée par les Américains sur la Syrie destinée à renverser son gouvernement et trois semaines après l’invasion russe de l’Ukraine – et l’indifférence des Émirats arabes à la réaction houleuse des États-Unis sont des signes supplémentaires d’un début de procédure de divorce d’avec un partenaire abusif qui trompe et abuse ses alliés.

La visite d’Assad aux Émirats arabes unis a procuré d’importants gains aux deux pays et à leurs dirigeants. Elle a brisé l’isolement officiel de la Syrie dans le monde arabe et a annoncé la rupture de l’embargo américain imposé à ce pays. Elle couronne un processus plus large de « normalisation » qui devrait aboutir à voir Damas recouvrer son adhésion à la Ligue arabe et son rôle dans la prise de décision collective arabe et à prendre part au sommet arabe qui se tiendra à Alger en novembre.

Cette démarche audacieuse apporte également des bénéfices aux Émirats arabes sur plusieurs plans. Elle participe à compenser l’impact terriblement négatif de son image suite à la signature des dits Accords d’Abraham et à sa cour enthousiaste de l’ennemi israélien.

Construire des ponts de confiance et de coopération avec l’Axe de la Résistance à travers la Syrie, le plus proche allié de l’Iran, pourrait aussi aider les Émirats et l’Arabie saoudite à trouver une sortie de leur bourbier au Yemen. Ce n’est peut-être pas une coïncidence si Riyadh propose d’accueillir un dialogue multipartite avec les Yéménites et a officiellement invité le mouvement Houthi Ansarullah à y prendre part.

En résumé, ce que nous voyons aujourd’hui est la manifestation d’une révolte contre l’hégémonie américaine dans le monde arabe par l’axe de la « modération » arabe mené par la trio égyptien-émirati-saoudien. Il est ouvert à ce d’autre États arabes et du Golfe tel que l’Irak, l’Algérie et le Soudan puisse s’y joindre s’ils le souhaitent. Ce nouvel axe pourrait prendre une forme plus précise au sommet d’Alger à l’automne.

Le processus de normalisation arabe avec Israël est voué à ralentir. C’est l’erreur la plus grave que les pays normalisateurs – anciens et nouveaux – ont pu faire et il doit être arrêté complètement. Mais il y a de l’optimisme à ce sujet, car se tourner contre les États-Unis implique aussi de se tourner contre Israël.

Pendant ce temps, l’avion présidentiel d’Assad, qui au cours de la décennie passée n’a volé que vers Moscou et Téhéran, paraît prêt à faire plus de voyages dans les semaines et les moins à venir. Sa prochaine destination après Abu Dhabi pourrait être Riyadh ou Le Caire, en dépit des efforts des États-Unis pour l’en empêcher.

source : The Cradle

envoyé par A. Lucciola


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