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L’Argentine est de plus en plus susceptible de rejoindre les BRICS – Amérique latine : les États-Unis face aux difficultés

Un réalignement serait un grand changement pour le bloc, qui n’a admis aucun nouvel État depuis l’inclusion de l’Afrique du Sud en 2009.

La Chine cherche à élargir le bloc des BRICS au-delà de ses cinq membres traditionnels, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, a déclaré jeudi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, aux autres représentants du groupe. Pour l’instant, le candidat le plus probable est l’Argentine et, selon les médias nationaux, sa candidature pour rejoindre le bloc pourrait porter ses fruits dès l’année prochaine.

« Les BRICS contiennent 40% de la population mondiale et 20% du PIB mondial », aurait déclaré le ministre argentin des Affaires étrangères à un média local mercredi.

« L’Argentine a la possibilité de participer avec un programme en croissance. C’est la tâche que nous nous sommes fixé l’année dernière, et que le président a fixée avec Xi Jinping. »

Alors que l’on s’interroge sérieusement sur l’impact que pourraient avoir les pénuries de nourriture et d’engrais sur le monde en développement, le Global Times, un organe de presse du gouvernement chinois, rapporte que le sommet de cette année vise à « contrer les abus de plus en plus irréfléchis des États-Unis quant à leur hégémonie par le dollar [qui] nuisent au bloc et à l’ensemble du monde en développement ». Les nations BRICS devraient « naturellement » discuter des précautions potentielles à la lumière des « sanctions prises par les États-Unis et leurs alliés contre la Russie », selon Cao Yuanzheng, président de la recherche internationale de la Banque de Chine.

« Le gel des 300 milliards de dollars de réserves d’or et de devises du pays, qui représentent « près de la moitié des réserves totales de devises de la Russie », signifie que les autorités américaines ont « fait perdre au dollar américain sa neutralité », explique le Global Times.

La réunion virtuelle de lundi entre les ministres des Affaires étrangères des pays BRICS habituels aurait été suivie d’une discussion plus large sur les « BRICS Plus », à laquelle ont participé des représentants de l’Argentine, du Kazakhstan, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, de l’Indonésie, du Nigeria, du Sénégal et de la Thaïlande. Le groupe comprend un certain nombre de pays qui ont exprimé leur intérêt à rejoindre la Nouvelle banque de développement du bloc, qui a été créée en 2014 comme une sorte de contrepoids au FMI et à la Banque mondiale. La banque a déjà accueilli le Bangladesh ainsi que les Émirats arabes unis ; l’Égypte et l’Uruguay devraient bientôt rejoindre l’institution financière.

Mais l’Argentine est le seul pays à avoir une voie claire pour rejoindre le bloc. Une série de visites et de discussions de haut niveau entre des responsables argentins et chinois au cours des derniers mois a abouti à une invitation officielle adressée au ministre argentin des Affaires étrangères, Santiago Cafiero, à participer à la réunion de jeudi, apparemment à l’invitation du président chinois Xi Jinping.

Jeudi matin, après l’ouverture des cérémonies par un discours du président Xi, l’ambassadeur argentin en Chine, Sabino Vaca Narvaja, a lu à haute voix une lettre rédigée par le président argentin Alberto Fernandez, dans laquelle le chef d’État sud-américain décrit les BRICS comme une « excellente alternative de coopération face à un ordre mondial qui a fonctionné au profit de quelques-uns ».

« La nouvelle banque de développement des BRICS, à laquelle mon pays pourrait participer, est, pour moi, l’institutionnalisation d’un nouvel ordre mondial axé sur le développement, loin de la spéculation financière qui a causé tant de dommages à nos pays », a expliqué M. Fernandez.

L’intégration probable de l’Argentine au groupe s’était déjà heurtée à l’opposition d’au moins un autre membre des BRICS. En février, lorsque M. Fernandez s’est rendu en visite officielle à Pékin et a exprimé son intérêt pour l’adhésion au groupe, le ministère brésilien des Affaires étrangères s’y est vivement opposé, invoquant l’absence d’un « processus officiellement établi pour l’entrée de nouveaux membres ». Mais maintenant, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Paulo Guedes, a promis de faire pression pour que le groupe soit également intégré à la Nouvelle banque de développement :

« L’Argentine possède de nombreux engrais et la capacité de décupler la production actuelle », aurait-il déclaré. « L’objectif le plus important est l’intégration de nos économies ».

Pour renforcer la candidature de l’Argentine, l’Inde aurait également donné sa bénédiction à l’intégration du pays.

*

Malgré le maintien de la politique washingtonienne d’arrière-cour à l’encontre des nations latino-américaines, les processus régionaux et internationaux ne font chaque jour que réduire un peu plus l’influence étasunienne sur les pays en question.

L’heure n’est vraisemblablement pas rose pour Washington en Amérique latine. The New York Times affirme d’ailleurs que le prochain Sommet des Amériques prévu à Los Angeles le mois prochain pourra être sérieusement affecté par plusieurs boycotts de leaders latino-américains.

Parmi les grands noms de ce boycott figurent ceux de Andres Manuel Lopez Obrador – président mexicain ou encore de Jair Bolsonaro, président du Brésil. En ce qui concerne le leader du Mexique – il avait en effet déclaré qu’il ne participerait pas au prochain Sommet des Amériques si les USA excluaient d’autres pays, parmi lesquels Cuba, le Nicaragua et le Venezuela.

Le président mexicain est même allé plus loin en affirmant dans un entretien à l’agence de presse Prensa Latina que les actions des États-Unis à l’encontre de Cuba constituent un génocide. À noter que le Mexique au-delà d’être un des voisins immédiats des USA – est également l’actuelle 13ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Avec en perspectives la possibilité d’intégrer le Top 10, tandis que des pays occidentaux comme la France et le Royaume-Uni vont vraisemblablement quitter ce même Top 10 sur le court-moyen terme.

En ce qui concerne le Brésil – principal puissance latino-américaine et l’actuelle 9ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, si le président Bolsonaro était longtemps considéré comme un sympathisant à Washington, ses relations avec Joe Biden sont aujourd’hui loin d’être au beau fixe. Y compris sur la question du refus du Brésil à se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie.

Mais au-delà de l’aspect qui concerne purement le sommet en question, de manière générale les processus pro-multipolaires semblent effectivement prendre la voie d’un éloignement de plus en plus évident de l’Amérique latine vis-à-vis de Washington, comme Observateur Continental l’avait prédit précédemment.

Effectivement, si l’axe bolivarien souverainiste et progressiste est non seulement toujours vivant avec Cuba, le Nicaragua, le Venezuela et la Bolivie, la gauche progressiste continue d’attirer d’autres pays. L’élection au Pérou de Pedro Castillo avait déjà marqué les esprits, en Colombie – l’un des principaux alliés de Washington en Amérique latine de plus en plus de doutes persistent quant aux choix stratégiques d’avenir, mais surtout la présidentielle brésilienne d’octobre prochain inquiète vivement l’establishment étasunien.

En effet, le retour fort possible au pouvoir de Luiz Inacio Lula da Silva, représentera un énorme défi pour la politique US dans toute l’Amérique latine. Rappelons à cet effet que Lula n’a jamais eu de relations cordiales avec Washington, récemment avait dénoncé la responsabilité des États-Unis et de l’UE dans la crise ukrainienne, le tout sans oublier d’être un ferme partisan du bloc des BRICS, dont le Brésil fait partie avec la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

Fait important : Lula fait pour le moment figure de favori du scrutin présidentiel brésilien. Son élection éventuelle à la tête du Brésil créera de nouveaux problèmes pour Washington, sachant d’autant plus qu’il partage une amitié forte et ancienne avec tous les principaux leaders progressistes latino-américaines – largement hostiles aux USA par la même occasion. Et si la principale puissance latino-américaine adoptera une position ferme dans cet axe souverainiste, progressiste et résolument pro-multipolaire – il est évident que l’influence washingtonienne et occidentale en prendra un sérieux coup supplémentaire. Oui, réalité multipolaire post-occidentale oblige.

Source : Sputnik News / Observateur Continental

Traduction : Avic pour Réseau International

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